La contrainte fut la suivante : trouver quelles œuvres photographiques demandaient à être perfectionnées par l'adjonction d'un ressort derrière une partie de l'image. La partie choisie — une fois découpée, montée sur une mince gidouille en étain fin et recollée à sa place sur la photographie — cette partie vibre à tous les vents, et atteint ainsi le mouvement perpétuel.

La première image trouvée fut "L'Esprit de la photographie" (1907) par Anne W. Brigman. Une femme en robe flottante s'apprête à photographier une bulle de savon, dès que celle-ci se stabilise dans l'air. Mais nous avons monté cette bulle sur un ressort super-rebondissant, et la voilà qui vrille comme une mouche qui court après sa queue. Jamais la pauvre femme n'arrivera à prendre sa photo.

La photographie de Brigman (cf. p. 26 de l’édition papier) étant un cercle, nous l'avons montée tout entière sur trois ressorts afin que le spectateur ait l'impression de regarder une bulle de savon, dans laquelle il peut voir le reflet de la scène qui s'apprête à être photographiée, mais qui ne pourra jamais l'être.

La deuxième image (cf. p. 26 de l’édition papier) est une stéréoscopie : "Le funambule Blondin au-dessus des chutes du Niagara" (Anthony, 1859). Les deux Blondin sont armés de gidouilles et doivent être vus à travers une visionneuse type Wendell-Holmes. Nous le voyons trembler maintenant d'une manière plus angoissante, et toujours en stéréo.

Les vaches sont nos voisines à Lamotte-Beuvron, nous les avons photographiées en train de s'amuser et de faire les idiotes devant l'appareil.

De la photographie d'Atget, "Corsets, boulevard de Strasbourg" (1912), un corset fut monté sur une gidouille petite et rigide, ne permettant pas le mouvement. Il y a un léger décalage de mise-au-point entre ce corset et le plan de la photographie, ce qui est déroutant pour le spectateur, indéterminable même s'il ne s'approche pas pour voir le "truc". Juste le temps de laisser le rêve se détacher de la réalité, et d'aller flotter…